LE PISÉ, CONSTRUCTION D’AVENIR

Technique de construction en terre crue à base de sable, de gravier et d’argile, le pisé est un savoir-faire traditionnel en Rhône-Alpes, territoire qui compte de nombreux bâtiments (habitations et fermes, mairies, écoles ou ateliers….) dont certains datent du XVIIIè siècle.

L'objectif d’Initiative Commune : valoriser, réhabiliter, moderniser ce savoir-faire tout en le préservant. Pour cela connaître, faire connaitre, apprendre à utiliser cette méthode de construction aux nombreux avantages : écologie, proximité des matériaux (« circuits courts »), isolation thermique, hygrométrie,….

Respecter l’existant et lutter contre les trop nombreuses démolitions de bâtiments et d’habitations jugées trop anciennes.

Innover avec des techniques de mise en œuvre actuelles.

Le pisé…

Les constructions en pisé ont des murs massifs en terre crue compactée dans des banches assis sur un soutènement de galets et de briques. Méthode de construction en “circuit court” elle présente de nombreux avantages écologiques (performances en isolation, proximité des matériaux…). On commence, après des années d’abandon et de mise en désuétude, à redécouvrir et moderniser cet intéressant savoir-faire.

« Le pisé est un procédé d’après lequel on construit les maisons avec de la terre, sans la soutenir par aucune pièce de bois, et sans la mélanger de paille ni de bourre. Il consiste à battre, lit par lit, entre des planches, à l’épaisseur des murs ordinaires, de la terre préparée à cet effet. Ainsi battue, elle se lie, prend de la consistance, et forme un mélange homogène qui peut être élevé à toutes les hauteurs données pour les habitations .... »

Selon François Cointeraux, (1740 – 1830)
Architecte rural, auteur de 72 fascicules sur la construction en PISÉ

La technique constructive, décrite par Goiffon et Cointereaux au XIXe siècle, fait apparaître la simplicité et la logique locale qui ont permis au monde rural d’accompagner l’extraordinaire développement de cette époque. Les compagnons bâtisseurs, très souvent auvergnats, venaient en terre dombiste, de la Saint-Joseph (mars) à la Saint-Martin (novembre). Ils avaient alors besoin d’une main d’œuvre importante. Pour la communauté villageoise, la construction d’un bâtiment en pisé était l’occasion, dans le cadre d’échanges de services , de se rassembler et de s’entraider. Ainsi, au-delà des qualités intrinsèques du pisé, telles sa masse thermique, ses potentialités hygrométriques, ses textures, ses couleurs, les expressions des linteaux, des chaînes d’angles et soubassements, le pisé et son utilisation font redécouvrir son rôle social : jeunes et moins jeunes, entreprises, citoyens, élus se re- trouvent, échangent et imaginent un avenir.

Se promener au Pays des mille étangs permet de contempler des paysages infinis, rythmés par les couleurs douces de l’eau, par les forêts et par les étendues ocre des terres. Au moment des labours, il apparaît clairement que la terre cultivée et le matériau pisé du bâti ne font qu’un et sont issus du même lieu.

En Dombes aujourd’hui le paysage, rural ou urbain, est jalonné de bâtisses et bâtiments en pisé. Privés ou publics, anciens, ils sont plus ou moins reconnaissables mais très présents. Pour la Dombes, le pisé constitue une richesse inestimable. La nature argileuse du sol dombiste est une matière disponible et quasi inépuisable : tout mur en pisé peut retourner à la terre, le pisé est recyclable à 100%. Le bâti dombiste d’avant les années 1940 est constitué à plus de 80% de bâtiments et de murs en pisé. La diversité des bâtiments est assez exceptionnelle : fermes en L, longères, fermes à cour fermée, pigeonniers, maisons de ville et de village.

Les récentes réalisations de chantiers publics et privés, de murs, de réhabilitations, d’architectures contemporaines ainsi que les évolutions des techniques constructives sont à l’origine de prises de conscience de la richesse de ce matériau. Le pisé a un bel avenir.